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Chevaux camarguais / Camargue horses

Comment photographier les chevaux de Camargue?

 

On me pose souvent des questions sur ma façon de photographier les chevaux de Camargue. Voici quelques conseils qui vous permettront à votre tour, d’avoir de bons résultats avec vos prises de vues de chevaux. Cela s’applique également à de nombreux autres sujets animaliers, sauvages ou pas!

Photographier les chevaux de Camargue (ou toutes autres races) implique d’être capable de suivre quelques règles de prise de vue inhérentes à la photographie de sujets en mouvement et d’utiliser du matériel adapté à cette pratique.

1/ Quelques conseils avant de commencer:

– Veuillez noter que les prises de vues se font souvent alors que l’on se trouve dans l’eau ou très près du plan d’eau. Cela implique généralement des projections d’eau et de boue sur le matériel. Pour éviter tout risque de casse, il convient de bien le protéger avec un équipement adapté. Cela va du simple sac plastique à des systèmes de protections plus techniques mais peu importe, l’essentiel est bien de mettre son appareil photo à l’abri de tout risque d’endommagement.

– Un boîtier ayant une cadence en rafale importante (10 images par seconde ou plus) sera un plus car il permettra d’enregistrer un nombre plus important d’images pour une même scène et de ce fait, les probabilités d’obtenir une bonne image seront décuplées.

– Au niveau des objectifs, une large plage de focales est envisageable. Du grand angle au super téléobjectif, chacun donnera un résultat qui lui sera propre mais cela n’en sera que plus bénéfique pour le photographe désirant obtenir des images originales et variées. Ainsi, cadrages serrées (pour mettre en avant des détails) ou cadrages plus larges (pour découvrir l’animal dans son environnement), me permettent de ramener à chaque fois un large panel d’images différentes.

– A ce sujet, j’essaie également de varier les prises de vues horizontales et verticales, ces dernières pouvant s’avérer très utiles dans la réalisation d’une page de couverture d’un livre ou d’un reportage. Pensez également à laisser un peu d’espace (ciel vide) sur quelques images, cela permettra d’insérer plus facilement un titre ou du texte lorsque vous utiliserez vos images dans une publication!

– Enfin l’utilisation d’un trépied peut être très utile si vous photographiez avec un objectif volumineux et lourds ou si la lumière est insuffisante pour pouvoir travailler avec des vitesses d’obturation suffisamment élevées. Mais dans la majorité des cas, je n’utilise jamais de trépied, cela me permet d’avoir des mouvements beaucoup plus fluide et suivre plus facilement le déplacement (quelquefois aléatoire) des chevaux.

2/ Photographier les chevaux lorsqu’ils sont en mouvement

– Le sujet étant mobile, la mise au point (manuelle ou autofocus) sera dans ce cas, une composante majeure de la réussite de mes images. La mise au point de mon sujet sera ainsi adaptée en fonction du sens de déplacement de mon sujet (Cf plus bas).

– Avec des sujets en mouvement, je préconise de régler son appareil photo en mode « priorité vitesse » afin de définir une vitesse d’Opturation suffisamment rapide pour « figer » le mouvement et s’assurer d’obtenir une image nette. Pour photographier les chevaux de Camargue, une  vitesse de 1/1000s est généralement une bonne base pour la plupart des situations.

– En utilisant le mode « priorité vitesse », c’est l’appareil photo qui va définir automatiquement l’ouverture du diaphragme nécessaire pour obtenir une bonne exposition, en fonction de la lumière disponible et de la valeur ISO sélectionnée. Une ouverture de F:8 est généralement nécessaire car les chevaux sont assez rarement alignés sur une même ligne et j’ai donc besoin d’avoir un peu de profondeur de champs pour remédier à cela. Il convient au photographe de vérifier cette valeur d’ouverture avant de déclencher. Si cette dernière est différente de l’ouverture souhaitée, il suffira de modifier la valeur des ISO pour équilibrer le réglage.

– À propos des ISO, je ne les utilise que très rarement en automatique, l’appareil photo ayant quelquefois tendance à « exagérer » leur valeur. Et comme vous le savez surement, plus les ISO sont élevés, plus cela va produire du bruit dans l’image. Pour ma part, je commence toujours un shooting en les réglant à leur valeur minimale (ISO 100 la plupart du temps) puis j’augmente progressivement leur valeur quand cela le nécessite (manque de lumière). Ainsi, lorsque je travaille avec des ISO élevés, c’est tout simplement que je ne peux plus faire autrement (aube, crépuscule, temps couvert).

2-1 Photographier les chevaux lorsqu’ils effectuent un mouvement latéral

Lorsque les chevaux se déplacent latéralement, la distance de mise au point reste contante. Il n’est donc pas nécessaire d’utiliser le mode de suivi de l’autofocus.

Le mode autofocus AF-S (single) pour Nikon, Sony ou Pentax et « one shot » pour Canon seront alors préférés. De plus cela permet de ne pas « perdre » la mise au point, c’est à dire éviter que cette dernière se fasse sur une autre partie de l’image (ciel ou arbre en arrière plan, élément de la scène au premier plan,…) alors que l’on est en train de photographier un sujet.

Pour photographier les chevaux dans l’image ci-dessous, j’ai fait la mise au point sur le cheval le plus près de moi au départ de la course puis j’ai déclenché en utilisant le mode rafale et en suivant latéralement le déplacement des animaux. A noter que dans ce cas, le mode de mise au point manuelle (à régler sur l’objectif AF/M) peut aussi bien fonctionner!

Troupeau au galop dans un étang de Camargue

2-2 Photographier les chevaux lorsqu’ils effectuent un mouvement de face

Lorsque je photographie les chevaux de Camargue, j’alterne entre les courses latérales (voir paragraphe ci-dessus) et les courses de face, pendant lesquelles les chevaux vont venir  vers moi. Cela me permet de capter toute l’énergie et la force qu’ils dégagent, ainsi que mettre en avant l’effet magique que produisent les éclaboussures sur l’ensemble de l’image.

Cependant, un problème va se poser très rapidement, il s’agit de la distance sujet-photographe qui va se réduire au fur et à mesure que les animaux vont se rapprocher de moi. À une telle allure, il est quasiment impossible de régler la mise au point manuellement, le déplacement des animaux étant trop rapide.

La solution va être d’utiliser le mode de suivi de l’autofocus, c’est à dire que l’appareil photo va constamment faire la mise au point pendant que les chevaux se déplacent. Cette fonction est assurée par le mode AF-C (« continu ») sur les boitiers Nikon, Sony ou Pentax et par le mode « AI Servo » sur les boitiers Canon.

Je peux alors me concentrer sur le cadrage de la scène sans avoir à m’occuper de la mise au point. Dans un tel cas, j’utilise personnellement un seul collimateur que je déplace rapidement pendant la prise de vue, à l’aide du joystick arrière du boitier, sur le cheval le plus près de moi. De cette façon, j’évite que l’appareil fasse la mise au point sur un « mauvais » cheval situé au second plan, et ainsi je m’assure d’avoir le cheval du premier plan net. Cela est d’autant plus vrai que la scène comporte de nombreux « éléments perturbateurs », comme illustré avec l’image ci-dessous!

Mise au point effectuée avec un collimateur sur le cheval de tête

3/ Photographier les chevaux pour obtenir une silhouette en contre jour

Lorsque je photographie une scène en contre jour avec des chevaux, je veux généralement obtenir une silhouette parfaitement noire, qui se détache sur un ciel bien exposé.

Ceci est rarement le cas si on laisse l’appareil faire le réglage tout seul. Etant pré-réglé pour rendre les tonalités les plus neutres possibles (gris à 18%), il risque de produire une image fade et peu contrastée, avec trop de détails dans les ombres  et pas assez dans les hautes lumières.

Pour remédier à cela, j’utilise la fonction de mémorisation d’exposition, c’est à dire que je vais « enregistrer » les réglages relatifs à l’exposition d’une partie lumineuse de l’image (le ciel dans notre photo ci-dessous), puis mémoriser ces réglages (touche * sur les boitiers Canon et AE-L/AF-L sur les boitiers Nikon) qui seront conservés quelques secondes, et enfin recadrer et déclencher.

Si la partie « lumineuse » de votre scène n’est pas très grande, l’utilisation du mode de mesure spot peut être nécessaire. Le principe est le même, enregistrer l’exposition donné par la mesure spot, puis recadrer et déclencher.

Les réglages utilisés étant ceux permettant la bonne exposition du ciel ou d’une partie lumineuse de la scène, les parties sombres de l’image seront complètement bouchées et donc totalement noires.

Il n’y aura donc aucun détails à récupérer en post-production sur ces pixels même avec une image enregistrée en RAW! Ceci se traduira par un histogramme décalé vers la gauche, mais ce n’est pas un problème et il ne faut alors pas en tenir compte, car dans ce cas, c’est l’effet recherché!


Le lever et le coucher de soleil sont propices à ce type de photographie

4/ Photographier les chevaux en noir et blanc

La prise de vue en noir et blanc nécessite d’analyser une image non pas avec ses couleurs ou ses éléments, mais avec les tonalités de ces derniers.

Il faut donc qu’il y ait une harmonie et un équilibre  entre les tons clairs et les tons sombres, afin de produire une image plus intéressante. Pour ce faire il peut être utile de régler son appareil photo pour avoir un rendu de l’image en monochrome directement sur l’écran arrière. Il est ainsi plus simple et plus pratique de visualiser et d’analyser son travail afin d’y apporter les réglages et les modifications nécessaires directement durant la prise de vue.

La technique utilisée pour photographier les chevaux dans l’image ci-dessous, a été la suivante: comme il y avait deux rangées d’arbres, une éclairées par le soleil (à droite de l’image) et une à l’ombre (à gauche de l’image). J’ai donc choisi de placer le cheval blanc sur le côté gauche et le cheval noir sur le côté droit. Les tonalités s’équilibrent et l’image s’en retrouve plus dynamique et mieux équilibrée!

Equilibrer les tonalités de l’image est une des règles de base de la photographie en noir et blanc

5/ Photographier les chevaux en vitesse lente (filé)

La technique du filé consiste à photographier un sujet se déplaçant latéralement avec une vitesse lente afin d’apporter aux images un effet de déplacement dynamique et souvent très esthétique.

Le but est de capter une partie du sujet qui soit nette alors que tout le reste de l’image est noyé dans un flou de mouvement provoqué par l’utilisation d’un temps de pose lent et le déplacement latéral de l’appareil photo.

Les vitesses utilisées sont généralement de l’ordre du 1/30eme ou 1/20eme de seconde, mais parfois encore plus lentes, le tout dépendant finalement de la vitesse de déplacement du sujet et de l’effet plus ou moins prononcé que l’on veut obtenir.

Pour photographier les chevaux dans l’image ci-dessous, j’ai choisi de faire la mise au point sur la tête de l’animal le plus prêt de moi, puis de déclencher en rafale en suivant son déplacement avec un mouvement constant et régulier.

L’utilisation d’un seul collimateur et du mode « one shot » (Canon) ou « single » (Nikon) est à mon avis, la meilleure façon de procéder, afin d’éviter de « perdre » la mise au point ou de la faire sur le mauvais élément de la scène, le collimateur pouvant ç tout moment se décaler sur une partie du ciel ou sur un cheval situé en arrière. Les animaux se déplaçant latéralement, la distance sujet-photographe ne varie pas et l’utilisation du mode de suivi de l’autofocus n’est pas nécessaire.

Il y aura beaucoup de déchets parmi les images produites, mais il convient de ne pas se décourager et persévérer jusqu’à l’obtention d’une belle image, le résultat n’en sera que plus gratifiant.

L’effet de filé sera d’autant plus prononcé que la vitesse utilisée sera lente

6/ Photographier les chevaux en portrait

Tout comme dans tout autre portrait, la profondeur de champs va jouer un rôle prépondérant dans la réussite de votre image.

Pour photographier les chevaux lors de séances de portraits, je m’emploie toujours à « isoler » le sujet afin qu’il soit mis en avant et qu’aucun élément de l’arrière plan ne vienne perturber sa lecture.

En utilisant une grande ouverture, j’obtiens une faible profondeur de champs, ce qui va avoir pour conséquence de flouter l’arrière plan et ainsi faire ressortir le(s) détail(s) que je veux mettre en valeur. Pour photographier le cheval dans la photo ci-dessous, une mise au point sur l’oeil et une ouverture de F2.8 m’ont permis d’avoir ce résultat.

Là encore, l’utilisation du mode autofocus S (Nikon) ou One Shot (Canon) voire de la mise au point manuelle, permettent de ne pas « perdre » le point lorsque l’on cherche le meilleur cadrage!

La faible profondeur de champs isole l’oeil entre un premier et un arrière plan flous

7/ Conclusion

En suivant ces quelques conseils, vous devriez améliorer significativement vos prises de vues de chevaux mais aussi de tous vos sujets en mouvement.

Et n’oubliez pas que c’est en « forgeant que l’on devient forgeron ». Alors entraînez vous, faites des photos et photographier les chevaux le plus souvent possible sans vous décourager, vous verrez assez vite arriver les résultats escomptés.

Bonnes photos!

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